Un après-midi à Kernisy
Ce mardi après-midi de février 2008, Maïna, Manon, Vincent et quelques autres collégiens du Likès Saint-Yves partent à la rencontre de résidents à la maison de retraite Thérèse-Rondeau de Kernisy. Ils souhaitent les entendre raconter les coutumes liées aux noces d’hier en Bretagne.
Entre les deux guerres, quand la fête contraste en campagne avec les habitudes de travail
La rencontre des futurs mariés, si elle peut se faire lors de noces ou de pardons, peut aussi être encouragée par le bas-valan, cette personne qui met parfois en relation une jeune fille et un jeune homme après avoir parlé aux parents respectifs pour préparer en quelque sorte le terrain ! Il est ainsi parfois question de mariage “arrangé” pour augmenter le capital de la terre. La jeune fille est fière de présenter à son futur époux l’armoire garnie du trousseau brodé. Les deux familles précisent les préparatifs ; il n’est pas anormal de voir tout le village invité à la noce ; deux cents personnes, parfois plus, pour trois jours de fête ; rien d’étonnant alors puisque la participation aux veillées autour de repas de châtaignes l’hiver, aux travaux des moissons l’été, permet de tisser des liens très étroits entre villageois.
Le grand jour est arrivé !
Dès le matin, les parents de la mariée proposent aux parents du jeune homme café, gâteau breton, crêpes. Le cortège peut alors s’ébranler en direction de l’église ; les chars à bancs fleuris laissent percevoir les costumes bretons et peut-être même peut-on deviner, avec ceux des mariés, quelques signes de richesse : le costume de la mariée laisse paraître des éléments richement brodés, les tissus utilisés de la moire et du velours, parsemés de perles et de paillettes… rien n’est trop beau ! Vient alors l’heure de la messe, souvent célébrée par un prêtre de la famille. A la sortie de l’église, les mariés jettent quelques pièces aux enfants réunis sur le parvis de l’église puis a lieu la traditionnelle photo de groupe !
Les réjouissances peuvent alors commencer : apéritif, potage, charcuterie, viandes en sauce, gâteau breton, glaces… Chaque invité paie le prix de son repas aux personnes chargées de collecter l’argent. Déjà 17 h ! Quelques gavottes sur la terre battue facilitent la digestion ! En soirée, les invités se remettent à table ; n’est pas encore venue l’heure de la soupe à l’oignon, la fête peut continuer. Le lendemain, le retour de noce peut encore réunir une centaine de personnes…
“Quand nous chanterons le temps des cerises”
L’après-guerre voit paraître quelques signes de modernité ; en ville comme à la campagne, les jeunes mariés vont préférer au port du costume breton la traditionnelle robe blanche pour la jeune fille et le costume trois-pièces pour le jeune homme. Dans le cortège, les chars à bancs disparaissent petit à petit pour quelques superbes automobiles.
Les couples de sonneurs vont progressivement laisser place à l’orchestre ; quelques chansons reviennent traditionnellement à table : Le Temps des cerises, Fleur de blé noir… Elles résonnent encore aujourd’hui entre les murs du salon de Kernisy en cette fin d’après-midi.
2008, année du costume pour Quimper, année du dialogue interculturel pour l’Europe
Nous ne pouvons conclure notre article sans exprimer notre impatience de partager avec nos correspondants suédois, accueillis à Quimper en juin prochain, les richesses liées à notre patrimoine. Nos traditions nous sont communiquées aujourd’hui par nos parents et plus encore par nos grands-parents. Nous vous donnons rendez-vous, amis lecteurs, au mois de juin ; vous découvrirez alors combien nous serons devenus à notre tour, pour nos amis de Linköping, d’excellents “passeurs de mémoire”.
Article paru dans le Hors série Reportages d’Europe – 2008
Rédigé par Maïna, Manon et Vincent (atelier culture bretonne) de la classe de 4ème du collège Likès de Quimper
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